Établir une stratégie de marque employeur peut se faire de manière très naturelle. Quand le diction « Qui se ressemble s’assemble… » prend tout son sens dans une entreprise. Nous avons l’honneur d’interviewer Vincent Naigeon, fondateur de la Masterbox, une entreprise à taille humaine en pleine croissance.

Bonjour, Je m’appelle Anaïs Beaucourt, je suis consultante Marque Employeur. La Marque Employeur, c’est attirer des candidats, les recruter et accompagner les salariés de l’entrée à la sortie de l’entreprise.
Nous pouvons dire que c’est 80% de RH et 20% de communication. J’ai la chance d’accompagner les TPE, PME et start-up dans cette réflexion.
Alors aujourd’hui, nous allons parler de croissance, de culture d’entreprise et de GRH. J’ai l’honneur d’interviewer un grenoblois, attention roulement de tambour, Vincent Naigeon, Fondateur de la masterbox.

En quelques mots : La Masterbox c’est l’artisanat français mis en boîte dans des coffrets cadeaux.Défenseur de notre terroir, Vincent et son équipe ont lancé un collectif pour soutenir les artisans françaistouchés par la crise sanitaire.

Aujourd’hui, la Masterbox est un modèle de réussite entrepreneuriale alliant éthique et croissance.

Bonjour Vincent comment allez-vous ?

Bonjour, très bien merci. Je suis honorée de vous interviewer, c’est une grande première pour moi.

J’aime beaucoup votre démarche et les valeurs que vous prônez.

Pour commencer, pouvez-vous nous parler de la Masterbox et de son histoire ?
Oui, bien sûr. La Masterbox, c’est notre démarche est de soutenir les artisans, des créateurs et des producteurs qu’on a en France. Aujourd’hui, ils sont à peu près 50 000 sur le territoire à pouvoir expédier leurs produits par la poste, sauf que bien souvent, ils ont du mal à se faire connaître. Ils ont du mal à commercialiser leurs produits hors de leur zone géographique. Nous sommes donc là pour leur donner
un coup de main en permettant de faire découvrir leurs bons produits à tous les Français.

Nous mettons en relation les consommateurs français qui cherchent à faire des cadeaux locaux issus de nos terroirs, avec des artisans qui eux proposent ce type de produits faits à la main par des gens passionnés.

Historiquement, nous faisons des coffrets cadeaux en papier carton dans lesquels vous pouvez choisir des produits artisanaux. Puis, les artisans vous les envoient directement chez vous.Récemment, nous nous sommes diversifiés en proposant l’ensemble de notre offre en vente directe.

Pour cette fin d’année, nous avons créé le plus grand marché de Noël digital en France. C’est une très belle initiative qui a été largement relayée sur les réseaux sociaux. Vous êtes également passé à la télé.

Est-ce que vous pouvez nous présenter rapidement votre équipe ?

Aujourd’hui, nous sommes une équipe d’une dizaine de personnes réparties entre Grenoble et Paris, on a des gens qui s’occupent de créer et développer notre offre auprès des artisans. Auparavant, c’était beaucoup de chasse pour aller chercher de nouveaux artisans mais à présent, c’est beaucoup de filtres
pour filtrer les entrées. On a vraiment beaucoup de demandes ces derniers temps.
On a une équipe qui est chargée de tout ce qui est communication, marketing.
Puis, nous avons une équipe qui est chargée de la commercialisation auprès des comités d’entreprise et des grands comptes et des agences. Et puis, nous avons également des personnes qui s’occupent de la satisfaction client. Pour nous, la satisfaction client, c’est vraiment extrêmement important et nous faisons en sorte de maintenir une satisfaction au-delà de 9,6/10 qui est le seuil que l’on s’est fixé. 

Étant donné que votre équipe est éparpillée de partout en France, comment faites-vous pour fédérer vos salariés ?

Pour commencer, je suis très vigilant à l’embauche ou j’essaie de trouver avant tout des personnes qui ont notre état d’esprit et qui partagent nos valeurs. On parle souvent de savoir-faire et de savoir être. Pour moi, c’est 80% de savoir être et 20% savoir-faire parce que le savoir-faire s’apprend. « On est comme on est », une personnalité se change plus difficilement.
Donc, ça passe tout d’abord par recruter des personnes avec qui nous avons vraiment envie de travailler, qui partagent notre vision de l’entreprise, du projet, le fait d’avoir un impact social, toutes ces valeurs que nous défendons. J’ai été habitué à travailler avec des personnes à distance, ce mode de travail demande
beaucoup de communication y compris digitale. Nous utilisons un chat d’entreprise et énormément de visio, nous aimons nous voir et puis aussi le téléphone pour tout simplement garder le contact. Ces outils nous permettent d’échanger de manière professionnelle mais aussi au-delà et échanger sur tout ce qui se passe dans nos vies respectives. Nous essayons de garder au maximum le contact, nous communiquons sur les bonnes choses comme les mauvaises et être transparent sur tout ce qui se passe. Nous partageons un maximum d’informations pour que tout le monde soit au même niveau d’information et soit partie prenante en entreprise.
Pour en revenir au recrutement, vous avez une réflexion humaine qui est de gérer les ressources de la plus humaine possibles.

Vous avez fait votre premier recrutement, puis un second, comment avez-vous géré justement cette casquette de recruteur et de manager ?

Avant de créer la Masterbox, j’ai été dirigeant d’une PME. C’était une start-up qui venait d’être rachetée par un grand groupe en Savoie, lorsque je suis arrivé, il y avait 15 personnes dans l’entreprise et quand je suis parti, on était plus de 70. J’ai recruté énormément de personnes, j’ai également mis en place un comité de direction, j’ai tenu un reporting assez strict avec le groupe, etc.
Avec cette expérience, j’ai appris justement tout ce que je vous ai dit en dessus. Pour créer un projet qui peut aller le plus loin possible c’est de miser avant tout les personnes qui nous ressemblent. Quand on est absent, il faut que l’entreprise continue de tourner : « il y a des petits nous, de partout qui doivent répandre la bonne parole ». En notre absence, l’entreprise doit aller dans le sens que nous avons en tête et en respectant les valeurs que nous souhaitons défendre à travers l’entreprise. C’est important de trouver des relais qui partagent les mêmes valeurs et la même vision de l’entreprise et de la vie plus globalement. C’est très intéressant et c’est ce que j’essaie de faire tous les jours.

C’est très bien, vous réussissez très bien et comme vous l’avez très bien dit, les compétences peuvent s’acquérir. Selon moi, votre croissance est aussi liée à votre manière de gérer vos ressources humaines car vous avez un management humain.

Comment avez-vous géré cette croissance d’un point de vue RH ?

D’un point de vue RH, aujourd’hui, nous avons une dizaine de personnes et une organisation qui est très plate. J’organise des points hebdomadaires d’une heure avec tout le monde, avec chaque collaborateur afin que tout le monde puisse s’exprimer mais ce suivi commence à me prendre beaucoup de temps. J’ai été très pragmatique aussi sur cette approche, c’est à dire qu’au début je faisais tout, tout seul.
Lorsque je suis arrivé à un niveau où il y avait certaines choses que je ne pouvais plus faire tout seul, j’ai recruté une personne pour s’en occuper et ainsi de suite. Ça a donc commencé par l’offre, puis le marketing en ligne, puis les ventes au comité d’entreprise et c’est de cette manière que l’entreprise a grossi petit à petit. Aujourd’hui, je le fais de manière empirique, sans trop me poser questions mais je pense que c’est un point sur lequel je dois retravailler, notamment l’année prochaine. Je ne sais pas encore comment mais j’aimerai réduire un petit peu ces interactions. L’équipe va s’agrandir, j’aimerai structurer davantage tout ça pour l’année prochaine. C’est très intéressant et difficile à la fois.

Vous êtes un entrepreneur dans l’âme, c’est très difficile de gérer toutes ces casquettes : chef d’entreprise, recruteur, comptable, manager, etc. C’est
important d’avoir une vision court, moyen, long terme en termes de projets RH et de se lancer justement dans un projet comme celui-ci. C’est très positif parce que vous avez cette prise de recul.

Quels conseils donneriez-vous à des dirigeants comme vous, en pleine croissance ?

Tout d’abord de s’entourer des bonnes personnes et qui peuvent être des relais sur qui vous pouvez vous reposer et en qui vous avez confiance. En notre absence, l’entreprise continue de bien fonctionner.
Créer du lien est aussi extrêmement important, nous rigolons beaucoup dans l’équipe, nous aimons dire que «nous sommes sérieux sans se prendre au sérieux ». Pour moi, c’est très important que ce type de valeurs circule dans l’entreprise et continue à perdurer. Je ne voudrais pas me retrouver quelques temps et me dire « où est passé cette belle synergie » ?
Mon principal conseil est de s’entourer de personnes qui partagent nos valeurs, qui partagent ce qu’on a envie de faire, là où nous voulons amener notre barque. Pour cela, il faut énormément communiquer, échanger avec les gens, se mettre à leur place des gens, d’avoir de l’empathie, comprendre comment ils fonctionnent. Chacun est différent, il faut savoir s’adapter, ne pas être strict et inflexible et permettre chacun de pouvoir s’exprimer librement et à sa manière. Il faut veiller à ce que chacun apporte sa pierre à l’édifice et que tout le monde se sente bien aussi dans son environnement de travail. Je pense qu’à partir du moment où on se sent bien, on ne peut que bien travailler et bien s’entendre, c’est de cette manière que la mayonnaise prend.

Je vous rejoins, comme je le dis souvent à mes clients et sur les réseaux sociaux : Sans collaborateur, il n’y a pas d’entreprise et inversement. Il est donc primordial de fédérer ses équipes, d’attirer et de recruter des collaborateurs qui nous ressemblent, et qui vont véhiculer une bonne image de l’entreprise. Des salariés qui se sentent bien en entreprise vont contribuer à la pérennité de l’entreprise, ces mêmes salariés seront vos meilleurs ambassadeurs. 

Dans le contexte actuel, avez-vous déployé le télétravail auprès de votre équipe grenobloise?

Oui, oui, tout à fait. Nous nous sommes adapté. Nous aimons nous voir en vrai, nous aimons rigoler tous ensemble, le faire derrière un écran ou un chat vidéo, ce n’est pas pareil. Plusieurs entreprises sont passées en 100% télétravail, ce n’est pas notre idéal, nous avons besoin de nous voir, d’avoir ce lien, de rigoler et de passer de bons moments. Il est difficile de passer ces moments derrière un écran, ça nous manque beaucoup de ne pas nous voir. Il y a plus grave dans la vie et il faut savoir s’adapter. Nous faisons donc en sorte que ça se passe du mieux possible. Nous communiquons notamment lors de nos points quotidiens avec tout le monde, Cela fait partie des rituels que nous avons mis en place. Tous les matins, de 9 heures à 10 heures, j'enchaîne les stand-up en visio avec les équipes. Puis toutes
les deux semaines, nous faisons un point collectif d’équipe toujours en visio pour pouvoir échanger entre les différents « pôles » de l’entreprise.

Vous faites énormément de communication autour de votre entreprise et de sa croissance. Vous publiez également des chiffres, des photos de votre équipe, de vos rituels, des présentations de vos artisans. Votre communication reflète ce qui se passe en interne, comme je le dis souvent, la marque employeur ce n’est pas simplement de valoriser ses actions en externe, « mettre des paillettes », c’est aussi et surtout travailler en interne. Si en interne le fonctionnement ne va pas, nous allons nous en rendre compte sur les réseaux sociaux, ça ne va pas être cohérent.
J’ai parcouru vos posts, ils m’ont donné envie d’intégrer votre entreprise mais ce que j’ai retenu c’est que vous ne faites pas énormément de communication autour de votre gestion des Ressources Humaines. Vous n’en faites pas trop et je trouve que cela vous rend authentique.

Vous êtes vraiment dans une démarche qui est humaine. Une bonne gestion des ressources humaine, c’est un accélérateur de croissance pour l’entreprise, selon moi.
Je suis tout à fait d’accord, concernant la communication, j’ai un avis assez tranché sur ce sujet et je pense que vous avez dit le mot juste, il suffit d’être authentique et d’être soi-même, il n’est pas nécessaire
d’en faire trop. Nous prenons énormément de plaisir à faire ce que l’on fait. Tout le monde apporte sa pierre à l’édifice, tout le monde a son moment de gloire. C’est génial ! Nous avons tout le temps le sourire, nous partageons de merveilleux moments. Il suffit d’être soi-même et d’être authentique. D’après moi, le manque d’authenticité est très visible, cela ne sert à rien d’en faire trop et de pousser des messages commerciaux car aujourd’hui, ce n’est pas ce que l’on attend d’une marque. De la pub nous en voyons assez, maintenant, nous attendons de voir ce qui se passe à l’intérieur. Via votre authenticité, vos valeurs et votre approche humaine de la gestion des ressources humaines, vous savez vous démarquer. Le fait que vous soyez en pleine croissance en dit long sur votre entreprise. L’authenticité est le mot de conclusion. J’en perds les mots tellement je suis impressionnée. Je voulais vous remercier pour le temps que vous m’avez accordé et pour ce témoignage. Vous avez créé une culture d’entreprise extrêmement forte et les valeurs que vous véhiculez le sont aussi. Grâce à tout cela, vous avez réussi à fédérer vos collaborateurs autour de valeurs et de projets communs, vous réussissez à recruter des collaborateurs qui vous ressemblent. Toutes ces actions contribuent à la croissance de l’entreprise.

Je pense aussi que c’est prendre du plaisir dans ce que l’on fait. La phrase « être sérieux sans se prendre au sérieux » résume très bien notre état d’esprit.

C’est intéressant d’échanger sur ce sujet parce que je ne m’étais jamais posé la question auparavant. Nous avons créé quelque chose de fort en termes de marque employeur, c’est intéressant comme point de vue, c’est la première fois que je l’ai. Lors du recrutement, nous sentons que les candidats sont intéressés par nos valeurs et notre culture d’entreprise. Vous avez mis des mots sur nos actions.
Ce qui est amusant c’est que nous ne faisons pas exprès. Je me rends compte que ce que nous communiquons et véhiculons renforcent énormément le sentiment d’appartenance. Ce que les personnes perçoivent de l’extérieur est très positif. Je trouve ça très riche parce que ça me permet d’observer que ce qui est fait naturellement peut très bien fonctionner. C’est efficace en termes de visibilité extérieure.

Complètement, je le remarque de mon côté. J’ai un parcours qui n’est pas vraiment linéaire mais je suis issue d’un moule 100% RH. J’ai ce côté décalé. Ainsi, cultiver cette singularité, c’est très important ! Nous restons nous-même, nous avons nos convictions, nos valeurs, nous les véhiculons. Les autres adhérent ou non mais nous restons fidèles à nous-même. Ce qui est très important c’est qu’en étant nous-même nous attirons des personnes qui nous ressemblent. On devient un aimant. Les autres se reconnaissent dans la manière d’être.

Merci Vincent

En conclusion, nous pouvons dire qu’une bonne gestion des ressources humaines est un accélérateur de croissance pour l’entreprise. Au travers de ce témoignage, nous pouvons constater que l’humain est au coeur de la performance de l’entreprise. Définir l’ADN de l’entreprise, c’est affirmer ce que vous défendez (valeurs), et ce pour quoi votre
entreprise existe (son objectif fondamental, c’est le ciment de toute organisation). Fédérer ses équipes passe par une vision et une histoire commune et des valeurs partagées. Le management quant à lui, influe grandement sur le rapport qu’ont les salariés avec l’entreprise. De plus, la transformation digitale qui s’opère sous nos yeux entraîne des changements majeurs au seinde l’entreprise. Elle impacte les métiers, les compétences, le management, les modes d’organisation mais aussi – et surtout – le rapport qu’entretiennent les collaborateurs au travail.

En conclusion, bichonnez vos salariés, ils vous le rendront.